Depuis le début du mois de mai 2018, la 47ème rotation de l'opération de l'OTAN « Baltic Air Policing » est assurée par quatre F-16AM de la Força Aérea Portuguesa et par six Eurofighter Typhoon de l'Ejército del Aire, qui sont tous stationnés sur la base aérienne de Siauliai, en Lituanie. Cette opération est renforcée par la présence de quatre Mirage 2000-5F de l'armée de l'Air française à Ämari, en Estonie, et déployés dans le cadre de l'opération « Enhanced Air Policing ».
Quatre mois après avoir assuré la protection et l'intégrité de l'espace aérien des pays baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie), la mission de cette 47ème rotation vient de s'achever il y a quelques jours pour laisser place à la nouvelle. La fin de cette mission a été marquée par la tenue d'une cérémonie officielle le 30 août 2018 sur la base d'Ämari avec le major général Indrek Sirel, commandant en second des forces aériennes estoniennes, et le général français Patrick Patry, commandant de la Brigade aérienne contrôle de l'espace (BACE) du CFA.
Au cours de ces quatre mois, le détachement français composé d'une centaine d'aviateurs (pilotes, mécaniciens, spécialistes, armuriers, fusiliers commandos, etc…) a assuré plus de 600 heures de vol « dont 123 environ dans le cadre d’entraînements interalliés ou avec certaines nations partenaires de l’Otan », explique l'armée de l'Air. Ces « Tango Scramble » (décollage sur alerte d'entraînement) ont été conduits en coopération avec les F-16AM portugais et les Typhoon espagnols.
Par ailleurs, outre ces entraînements spécifiques à la mission de « police du ciel », les 2000-5F ont aussi été engagés dans des exercices multinationaux comme SIIL (15 nations et environ 15 000 militaires), BALTOPS et Ramstein Alloy 18-2, spécialisé dans le combat aérien, la mission Search and Rescue (SAR), l'appui aérien rapproché (CAS), la Recherche et sauvetage au combat (CSAR), etc… Enfin, des missions d'entraînement à l'interception et l'escorte d'aéronef se sont tenues avec les L-39 Albatros de la Force aérienne estonienne.
Renforcée par des appareils supplémentaires contrairement aux précédentes rotations, cette 47ème rotation s'achève et laisse place à la 48ème rotation qui baisse en terme de vecteurs aériens. En effet, ce sont quatre F-16AM de la Composante Air belge qui prennent la tête de l'opération Baltic Air Policing sur la base aérienne de Siauliai. Ils opèreront aux côtés de quatre Eurofighter Typhoon de la Luftwaffe, qui sont basés à Ämari. Un déploiement à Baltic Air Policing dure très généralement quatre mois. Toutefois, le détachement allemand restera sur place durant deux rotations, soit un total de huit mois.
Ce n'est pas la première fois que la Belgique opère dans les pays baltes. Son première détachement a lieu en avril-juillet 2004, le second en janvier-avril 2006, le troisième en septembre-décembre 2013, le quatrième en janvier-avril 2015, un cinquième à la même période en 2016, ainsi qu'un sixième septembre-décembre 2017. Elle a aussi engagé des F-16AM depuis Malbork, en Pologne, dans le cadre des mesures de soutien aux pays de l'est.
Pour l'Allemagne aussi cette opération est loin d'être une première. Les détachements se sont succédés avec un déploiement en 2005, un en 2008, deux en 2009, un en 2011, 2012, 2014, 2015, 2016 et 2017. Aujourd'hui assurée par des Typhoon, cette mission de défense aérienne a aussi été mise en oeuvre par des F-4F Phantom II.
A partir du début de la crise de Crimée (février-mars 2014), et avec l'annexion de cette région ukrainienne par la Russie de Vladimir Poutine, les pays occidentaux membres de l'OTAN ont pris certaines dispositions militaires et politiques (opération « Reassurance Initiative ») afin de réaffirmer leur soutien envers les pays de l'est qui jouxtent l'Ukraine, dont notamment la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie.
Depuis de nombreuses années maintenant, à tour de rôle, les forces aériennes des pays membres de l'OTAN prennent la permanence opérationnelle afin d'intercepter, identifier et escorter des aéronefs qui ne répondraient pas aux appels radios ou qui survoleraient, sans autorisation, les pays baltes (Lettonie, Estonie, et Lituanie), dépourvus d'une force aérienne armée de chasseurs capables de mener des missions de police du ciel.
Bien que la mission Baltic Air Policing soit opérationnelle depuis 2004, elle a été renforcée au mois de mai 2014 avec la mise en place de plusieurs plots de permanence opérationnelle, et non d'un seul lorsque les relations avec la Russie étaient apaisées.
La première rotation armant quatre plots était composée du Royaume-Uni avec quatre Typhoon à Siauliai (Lituanie), de la Pologne avec quatre MIG-29A «Fulcrum» depuis la base aérienne de Malbork (Pologne), du Danemark avec quatre F-16AM depuis Amari (Estonie) et de la France avec des Rafale et des Mirage 2000C/-5F depuis Malbork.
Ce renforcement du dispositif, qui comprenait alors seize chasseurs, a été réduit un an plus tard, avec deux plots, soit huit chasseurs, au lieu du seul et unique plot de quatre appareils alors en vigueur entre 2004 et 2014. Mais en mai 2018, l'OTAN a pris la décision de renforcer à nouveau ce dispositif en armant un détachement supplémentaire sur la base de Siauliai. De fait, l'opération passe de huit à quatorze chasseurs, dont dix à Siauliai et quatre à Ämari.
Toutefois, les différentes forces armées envoyées sur place ont également pour objectif secondaire de s'entraîner avec les forces armées locales, d'améliorer leur interopérabilité, de tisser des liens plus étroits et de perfectionner leurs procédures communes, notamment aériennes.
Cette Quick Reaction Alert (QRA) est dirigée par le Combined Air Operations Centres (CAOC) de l'OTAN implanté à Uedem, dans l'ouest de l'Allemagne, et qui couvre l'ensemble des pays du nord de l'Europe, du Royaume-Uni jusqu'aux états Baltes. De son côté, le CAOC de Torrejon, en Espagne, gère tout le sud de l'Europe, du Portugal jusqu'aux côtes de la mer Noire.
Actuellement, l'OTAN se charge de la mission de police du ciel (QRA) de l'Islande, de l'Albanie, des pays Baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie), des nations du BENELUX (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas), ainsi que de la Slovénie.