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Coup d'Etat en Turquie : Quelle implication de la Force Aérienne Turque ?

Coup d'Etat en Turquie : Quelle implication de la Force Aérienne Turque ?

© Anadolu - Passage bas et rapide d'un F-16 turc au-dessus d'Ankara pendant le coup d'Etat.
© Anadolu - Passage bas et rapide d'un F-16 turc au-dessus d'Ankara pendant le coup d'Etat.

Note avant lecture : les informations qui vont suivre sont toutes issues de sources ouvertes, notamment de sur les réseaux sociaux, et en particulier de Twitter. Si elles ont été vérifiées et recoupées, avec des comptes réputés pour leur sérieux et la qualité de leurs informations, il se peut que certains événements restent au conditionnel ou que leur déroulé se révèle légèrement différent dans les jours à venir. Merci.

Dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 juillet 2016, une partie des forces armées turques a tenté de prendre le pouvoir en l'absence du président Recep Tayyip Erdoğan, alors en vacances. Ce coup d'Etat, déclenché aux alentours de 22h00 (heure française), a finalement échoué plus tard dans la nuit avec l'échec de la prise du pouvoir.

Lors des combats entre les forces armées putschistes et la police turque, fidèle à Erdogan, plus de 290 personnes ont été tuées, dont une centaine de militaires, le restant étant des policiers et des civils, descendus dans les rues à la demande d'Erdogan pour contrer les attaques.

Dès les premières heures du 16 juillet, alors que la situation était encore relativement tendue, complexe, et floue, les forces turques loyalistes ont entamé une série d'arrestation d'officiers, de soldats, de politiques et de juges dans toute la Turquie, soupçonnés d'avoir préparé et participé au coup d'Etat.

A la fin du week-end, les médias turcs et les agences de presse évoquaient une purge qui a mis derrière les barreaux plus de 6 000 individus, civils ou militaires. Parmi ces derniers, nombreux sont des officiers et hauts-généraux, dont des pilotes de chasse (entre autres), qui ont activement participé aux opérations dans la soirée du vendredi 15, depuis différentes bases aériennes et avec divers appareils de la Türk Hava Kuvvetleri (force aérienne turque).

Dès les premières heures du coup d'Etat, des F-16 de la Türk Hava Kuvvetleri ont été engagés au-dessus des villes d'Istanbul et d'Ankara, capitale du pays, afin notamment d'assurer des démonstrations de force (show of force - SOF) au-dessus des habitations, à très basse altitude et à très grande vitesse, pour apeurer la population et soutenir les forces au sol.

Parmi ces appareils, certains ont aussi mené des frappes aériennes à Ankara contre des bâtiments des forces pro-Erdogan, dont celui de l'Organisation Nationale du Renseignement, le quartier général des Forces Spéciales turques et de la police, etc…

En outre, ces F-16 et leurs pilotes ont aussi réalisé à plusieurs reprises des passages du mur du son, que ce soit à Ankara ou Istanbul, les deux villes concernées par les combats et la tentative de coup d'Etat.

Ces pilotes sont issus du 141 Filo, stationné sur la base aérienne d'Akinci, située à seulement une trentaine de kilomètres du centre-ville d'Ankara.

A leurs côtés, se trouvaient également des hélicoptères d'attaque au sol AH-1 Cobra, mis en oeuvre non pas la force aérienne, mais par l'Army Aviation, et qui sont basés sur la base aérienne d'Ankara Güvercinlik. A plusieurs reprises au cours de la nuit, les pilotes ont fait feu avec leurs missiles air-sol ainsi que leur canon de 20mm, comme cela a été montré par au moins deux vidéos.

Concernant les chasseurs, pour l'allonge dans les airs, au moins deux avions de ravitaillement en vol KC-135 Stratotanker du 101 Filo ont décollé de la base aérienne d'Incirlik, qui est aussi une base de l'OTAN, afin d'appuyer les F-16 et de leur fournir le kérosène nécessaire.

Le lendemain du 15 juillet, lorsqu'il a été établi la participation des ravitailleurs et de leurs aviateurs de la base d'Incirlik, une opération militaire a été engagée afin de les arrêter. Pendant plusieurs heures, les entrées et les sorties de la base aérienne étaient bloquées, l'eau et l'électricité étaient coupées.

Cette importante base aérienne de l'OTAN compte un détachement allemand de quatre Tornado ECR et d'un ravitailleur A310 MRTT de la Luftwaffe, ainsi qu'un important détachement d'aviateurs américains dont certains participent aux opérations contre l'organisation Etat Islamique au-dessus de la Syrie et de l'Irak, et dont d'autres ont à charge de sécuriser et de pouvoir mettre en oeuvre les bombes atomiques B61, dont une soixante sont entreposées dans la base.

Avec la fermeture de l'espace aérien et l'arrêt des décollages, c'est toute la chaîne des opérations de la coalition internationale qui a été perturbée puisqu'il n'était plus possible de faire décoller les ravitailleurs de l'US Air Force chargés d'assurer leur créneau au-dessus des zones d'opérations, mais c'est aussi et surtout les missions CSAR (Combat Search and Rescue) qui étaient stoppées. Heureusement, aucune demande n'a été faite pendant les quelques heures où l'activité aérienne était interdite.

Le Pentagone a affirmé dans un communiqué de presse que l'ensemble des opérations militaires ont pu reprendre en milieu de journée du 17 juillet.

Dans la journée du samedi 16 et du dimanche 17 juillet, les forces de sécurité turques, appuyées par les forces armées loyalistes, ont arrêté plusieurs centaines d'aviateurs, dont une trentaine de pilotes (tous aéronefs confondus) et des commandants de base aérienne, dont celui d'Incirlik et d'Akinci.

Au cours de la soirée, une rumeur, relayée par les médias turcs et les agences de presse, dont notamment l'AFP, indiquait d'un hélicoptère S-70 Black Hawk avait été abattu par un F-16. Toutefois, plus de 48 heures après les événements, toujours aucune photo ou vidéo qui aurait pu confirmer la rumeur n'a été publiée.

Le mur du son franchi à plusieurs reprises par les F-16 participants au coup d'Etat.

Photo de couverture : Contrairement à d'autres F-16, celui-ci est armé de deux missiles air-air longue portée AIM-120 en bout d'aile, par deux missiles air-air infrarouge à courte portée AIM-9 sous les ailes, et est équipé de deux réservoirs externes largables. Aucune bombe air-sol n'est visible sur l'appareil.

Twitter sources : @BabakTaghvaee • @Kimyongur • @Restitutorusmax • @cnnturk • @Aufildubosphore • @lmgaveriaux