Alors que le Président de la République François Hollande visitait, le 19 avril 2016, la Base Aérienne Projetée (BAP) en Jordanie, sur la base aérienne de Prince Hassan, quelques jours auparavant, deux Mirage 2000D se sont rendus sur cette même base afin de relever deux autres appareils, déjà présents sur place.
Selon le communiqué de presse publié par l'Etat-Major des Armées (EMA) le 19 avril 2016, deux Mirage 2000D de la 3ème Escadre de Chasse de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey ont rejoint la Jordanie «après avoir effectué un vol de plusieurs heures sans escale, ravitaillés à plusieurs reprises par un C135-FR de la 31e escadre de ravitaillement et de transport stratégiques d’Istres».
Les deux appareils, qui sont arrivés dans la région le 16 avril, «ont été mis en configuration "guerre" dès leur arrivée» précise l'EMA, avec notamment la mise en place de leurres infrarouges pour contrer tout départ de missiles sol-air (mais aussi air-air), ainsi que le montage de missiles air-air MAGIC II et de deux bombes guidées laser. Une fois cette configuration opérationnelle, les deux appareils «sont partis dès le lendemain matin pour effectuer des missions d’appui aérien en Irak».
Les deux Mirage 2000D qui ont été relevés étaient présents en Jordanie depuis le mois de Février 2016, et avaient rejoints la BAP Jordanienne quelques heures après avoir quitté la base aérienne de Niamey, au Niger, où ils étaient employés dans le cadre de l'opération Barkhane dans le Sahel. Durant leur déploiement au Moyen-Orient, les 2000D «ont effectué près de 70 sorties et 180 ravitaillements en vol en environ 290 heures de vol». Ils ont pris la direction de la France dans la journée du 17 avril.
La base aérienne jordanienne de Prince Hassan est idéalement située pour le compte des missions de l'opération Chammal, contre l'Organisation Etat Islamique. Lors d'un récent point-presse du Ministère de la Défense, le colonel Emmanuel B. et le lieutenant-colonel Arnaud B., respectivement ancien commandant de la BAP et ancien chef de détachement air, expliquaient les atouts de cette base, située en plein désert jordanien.
Cette base aérienne permet de rejoindre la zone des opérations au-dessus de l'Irak en seulement 35 minutes de vol pour les Mirage 2000D et 2000N qui sont déployés sur place (les N sont repartis depuis). Avec une disponibilité qui est, dit-on, «remarquable» puisque «1% seulement des sorties prévues ont dû être annulées pour cause technique», de ce fait, «l'activité aérienne cumulée est 4 à 5 fois plus intense qu'en métropole».
La BAP, composée de 90 aviateurs de l'Armée de l'Air ainsi que de militaires issus des autres armées (ils représentent 10 à 20% du total des effectifs : logistique, administratif, etc...), permet de produire, «en 2 mois de détachement, [une] moyenne de 120 missions, soit l’équivalent de 8 mois d’activité aérienne en métropole».
Les missions des Mirage 2000D de Prince Hassan consistent principalement à de l'appui aérien rapproché afin de soutenir les forces armées irakiennes, accompagnées par des JTAC étrangers qui permettent le guidage laser des bombes, et qui se battent au sol contre l'Organisation Etat Islamique. Enfin, les aviateurs réalisent aussi des missions contre des objectifs planifiés à l'avance, en Irak comme en Syrie, avec des bombes guidées laser, ou avec les missiles de croisière SCALP-EG.
Bien que cela soit rarement évoqué officiellement, elle accueille, de temps à autre, un Transall C-160G Gabriel, spécialisé dans l'écoute et l'interception de renseignements d'origines électro-magnétique. Un appareil de ce type y est d'ailleurs actuellement déployé (merci la comm' de l'Elysée) :
En Jordanie, @fhollande a rendu visite aux forces françaises de l'opération Chammal #JordaniePR pic.twitter.com/9YTpYhATfz
— Élysée (@Elysee) 19 avril 2016