En service depuis plus de trente ans, l'Indian Naval Air Arm vient de mettre un terme à la carrière opérationnelle de l'ensemble de la flotte des Sea Harrier, qui disposent de la capacité STOVL (short take-off and vertical landing aircraft - Atterrissage court et décollage vertical) ainsi que de la capacité VTOL (vertical take-off and landing - Atterrissage et décollage vertical).
Ces appareils, connus pour leurs formes si particulières, opéraient jusqu'à ce jour depuis le porte-avions INS Viraat (R22), et qui va être lui aussi désarmé après de nombreuses années en service, puisqu'il s'agit d'un ancien bâtiment de la Royal Navy britannique de 1959 à 1984.
Photo : © US Navy - Un Sea Harrier de l'Indian Naval Air Arm vient de décoller de l'INS Viraat avec l'aide du tremplin.
Les Sea Harrier dans l'Indian Naval Air Arm
Les premiers Sea Harrier ont été commandés en 1977 par l'Inde à Hawker Siddeley et British Aerospace, les deux constructeurs anglais associés dans le développement et la construction de cet appareil, qui entrera aussi en service au sein de la Royal Navy à la même époque.
Les trois premiers appareils foulent le sol indien en Décembre 1983, et une seconde commande est passée deux ans plus tard, en Novembre 1985, pour dix appareils supplémentaires. Petit à petit, au fil des années et des commandes, l'Inde finit par mettre en oeuvre une flotte de trente Sea Harrier, dont cinq qui sont des biplaces, utilisés pour mener des missions de formation en priorité.
Cependant, si l'Inde formera des dizaines de pilotes sur ces appareils, jusque dans les années 90, bons nombres de pilotes indiens de Sea Harrier seront formés au Royaume-Uni, par les instructeurs des escadrons de la Royal Navy, qui disposent d'une meilleure connaissance de l'appareil.
Si les Sea Harrier indiens n'ont jamais été engagés dans des opérations de combat, ils ont cependant effectués plusieurs missions à bord des deux porte-avions de l'Indian Naval Air Arm, le INS Vikrant (R11) et le INS Viraat (R22), participants ainsi à la mise en place d'une présence militaire indienne sur plusieurs mers du globe, que ce soit en Asie, mais aussi en Méditerranée.
Cependant, leur utilisation a été fortement impactée par de nombreux accidents aériens au cours des différents déploiements, et leur disponibilité a souvent été peu élevée, notamment en raison d'un faible approvisionnement des pièces de rechange. Selon le média indien Hindustan Times, depuis 1983, sept pilotes indiens ont été tués aux commandes de Sea Harrier dans des accidents, et pas moins de dix-sept de ces appareils ont été perdus dans des crashs. A plusieurs reprises à la suite de ces accidents, la flotte a dû être clouée au sol pendant plusieurs semaines en attendant les résultats des enquêtes.
Au cours de leur carrière opérationnelle, les Sea Harrier ont été modernisés à plusieurs reprises, que ce soit au niveau du radar, de leur avionique, mais aussi de leur armement. A ce titre, l'Indian Naval Air Arm a ainsi pu disposer d'armements modernes pour l'époque, avec l'intégration du missile français air-air infrarouge R.550 Magic II, aussi utilisé dans l'Armée de l'Air française sur les Mirage 2000. Ils ont aussi emporté le missile britannique air-mer Sea Eagle, des nacelles lance-roquettes de 68mm, des bombes anti-piste, ainsi que des pods-canons supplémentaires de 30mm, fixés sous les ailes.
Photo : © Indian Navy - Les Sea Harrier seront remplacés par les MIG-29K, capables d'être embarqués sur porte-avions.
Après les Sea Harrier
Les derniers Sea Harrier de l'Indian Naval Air Arm, estimés au nombre de onze encore en état de vol, étaient intégrés au sein de (Indian Naval Air Squadron) l'INAS 300 «White Tigers», qui était un escadron opérationnel embarqué sur les porte-avions, et de l'INAS 552 «Braves», qui formait les jeunes pilotes sur Sea Harrier.
Le retrait du service actif des derniers Sea Harrier, et ce n'est pas un hasard, coïncide avec le retrait du porte-avions INS Viraat, utilisé par l'Indian Naval Air Arm depuis Mai 1987, après avoir été en service au sein de la Royal Navy (ex-HMS Hermes).
Ce porte-avions, qui est entré en service en 1959, dispose d'un tremplin en bout du pont d'envol afin d'assister les aéronefs qui décollent grâce à leur propre réacteur, et donc sans l'assistance d'une catapulte, comme cela est le cas sur le porte-avions français Charles de Gaulle.
Modernisé avant son introduction au sein de l'Indian Naval Air Arm, le Viraat a aussi été modernisé à deux reprises lorsqu'il était en service, avec notamment l'intégration d'un nouveau système de communication, d'un armement plus moderne pour sa protection, de radars de surveillance et d'observation plus perfectionnés, de moteurs plus puissants, etc... Ces multiples arrêts ont permis, à plusieurs reprises, de prolonger la vie opérationnelle de ce porte-avions, qui sera officiellement déclassé dans le courant du mois de Juin 2016. Il sera remplacé par l'INS Vikrant, dont la construction a débuté en 1999, et dont la mise en service devrait intervenir en 2018.
Ce porte-avions embarquera à son bord un ou deux escadrons composés de MIG-29K, en version monoplace, et de MIG-29KUB, en version biplace. Ces «Fulcrum-D» sont des versions navalisées du Mig-29 «Fulcrum» d'origine, avec l'intégration d'une crosse pour les appontages, d'une avionique moderne et améliorée par rapport à des versions plus anciennes, et d'une structure renforcée. L'Inde aurait réceptionné 30 MIG-29K, sur les 45 commandés auprès de l'avionneur russe Mikoyan-Gourevitch, et dont leur mise en service est intervenue en Février 2010 au sein de l'Indian Naval Air Arm.
Les pilotes de Sea Harrier, considérés comme très expérimentés au sein de l'Indian Naval Air Arm, seraient actuellement en formation sur ce type d'appareil, afin de pouvoir continuer à mener des missions depuis les porte-avions indiens.
Les derniers Sea Harrier, qui ont quitté le porte-avions INS Viraat pour la toute et dernière fois le 06 Mars 2016, ont regagné la base aéronavale indienne de Hansa, qui jouxte l'aéroport civil de Goa, situé sur la côte Ouest de l'Inde. Actuellement stationnés sur cette base, ils seront donnés à des musées indiens, si ces derniers en font la demande.