Neuf jours durant, les montagnes du Massif Central ont laissé leur tranquillité et leur quiétude pour laisser placer aux bruits rugissants des réacteurs des avions de combat de l'Armée de l'Air, qui évoluaient aux côtés des turbopropulseurs des avions de transport.
La première édition 2016 de l'exercice VOLFA, pour «VOL Forces Aériennes», qui portait l'appellation VOLFA 16-1, s'est déroulée du 20 au 29 Janvier 2016 et a impliqué des moyens importants, que ce soit dans les airs comme au sol, de l'Armée de l'Air française.
Cette édition hivernale de début d'année a vu la participation de vingt chasseurs et chasseurs-bombardiers de l'Armée de l'Air française, issus de différentes bases et de divers escadrons de chasse à travers le territoire français.
Les vingt-cinq avions de combat engagés pour cet exercice appartenaient à la 3è Escadre de Chasse de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey, avec ses Mirage 2000D, à la 2è Escadre de Chasse de la base aérienne 116 de Luxeuil-les-Bains, qui est le nid des Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 «Cigognes», et enfin, les Rafale de la 4è et de la 30è Escadre, issus respectivement, de la base aérienne 113 de Saint-Dizier et de la 118 de Mont-de-Marsan.
Le réacteur M53 de ce 2000D arrache le pilote et le NOSA de la piste Landaise - Photo : © Rami Khanna-Prade.
Ce Rafale du «Neu-Neu» se la joue local puisque cet escadron est stationné sur la 118 depuis 2012 - Photo : © Rami Khanna-Prade.
Les -5F Luxoviens ont pu goûter aux douces températures du Sud-Ouest de la France, bien que le temps ne soit pas toujours «de la partie» - Photo © Mathieu Mounicq.
Aux côtés de ces chasseurs, qu'ils soient spécialisés dans l'attaque au sol, dans la supériorité aérienne, ou qu'ils soient omnirôles, les pilotes des escadrons Chasse ont évolué aux côtés des cinq avions de transport engagés dans cet exercice.
Un nombre qui n'est certes pas important, mais qui l'est pourtant en raison de la très faible disponibilité de ces appareils, tant par leur ancienneté, par le manque de pièces de rechange, que par leur utilisation intensive au sein de la bande sahélo-saharienne.
VOLFA a donc vu la participation de C-130H Hercules, appartenant à l'Escadron de Transport 2/61 «Franche-Comté» et habituellement stationné sur la base aérienne 123 d'Orléans, aux côtés des vénérables C-160 Transall, mis en oeuvre par l'ET 1/64 «Béarn» et 2/64 «Anjou», depuis la base aérienne 105 d'Evreux.
Un C-160 très «patchworké» sur de nombreux endroits de la carlingue (très) fatiguée - Photo : © Mathieu Mounicq.
C'est le «Franche-Comté» qui est chargé d'assurer la mise en oeuvre des C-130 - Photo : © Mathieu Mounicq.
L'objectif premier de cet exercice était, selon l'Armée de l'Air, «d'entraîner toutes les forces à des missions complexes durant deux semaines, de jour comme de nuit».
Au cours de ces (presque) deux semaines d'exercices, l'accent a été mis sur les missions de bombardement, effectuées quotidiennement en Irak et en Syrie pour le compte de l'opération Chammal, ainsi que dans l'ensemble de la bande sahélo-saharienne dans le cadre de l'opération Barkhane, bien que le nombre de frappes dans cette région ne soit pas comparable à celui qui est établi chaque semaine au Proche et Moyen-Orient.
Enfin, des missions de «parachutisme de masse», selon les propos de l'Armée de l'Air, ont aussi été menées toujours dans le cadre de VOLFA. Ce type de mission demande un entraînement régulier et des compétences particulières qui demandent beaucoup de travail. Elles ont démontré toutes leurs utilités lors de l'opération Serval en 2013 pour la libération de villes comme Tombouctou, mais aussi et plus récemment dans la passe de Salvador, dans la région d'Agadez, au Niger.
La chasse et le transport se côtoient quotidiennement en métropole, tout comme en opération - Photo : © Mathieu Mounicq.
Comme dans de nombreux exercices internationaux, les moyens aériens engagés se décomposent en deux parties.
Il va y avoir d'un côté la «Blue forces», qui représente les «gentils», et dont l'ensemble de ces aéronefs sont rassemblés sur la base aérienne de Mont-de-Marsan le temps de l'exercice. Ce sont donc les appareils de la «Blue forces» qui sont visibles sur cet article.
Face à ces «gentils», l'Armée de l'Air a composé un second groupe, la «Red forces», et qui joue, elle, le rôle des «méchants». Ces forces armées «ennemies» opèrent depuis la base aérienne 115 d'Orange avec les Mirage 2000C de l'Escadron de Chasse 2/5 «Ile de France», et les Alpha Jet de l'Escadron d'Entraînement 2/2 «Côte d'Or», qui fait décoller ses forces depuis la base aérienne 120 de Cazaux.
Les «gentils» ont donc pour objectif de mener à bien leurs missions, tout en contrant les tactiques des «méchants» qui tentent de faire échouer les missions de leurs adversaires. Et il ne faut pas croire que les Alpha Jet ne font pas le poids face aux Rafale et aux Mirage 2000-5F, loin de là. Les pilotes du «Côte d'Or», désigné comme «Aggressor» dans l'Armée de l'Air, sont tous d'excellents pilotes, avec plusieurs centaines d'heures de vol à leur actif. Ils connaissent donc de nombreuses tactiques, leurs machines, ainsi que des ruses aussi redoutables les unes que les autres et qui donnent du travail aux pilotes de supériorité aérienne.
A noter, hasard du calendrier, que dix F-16A et F-16B MLU de la Force Aérienne Royale Danoise (Flyvevaben) étaient déployés à Orange dans le cadre de leur exercice WINTER HIDE, qui permet aux aviateurs danois de s'entraîner avec des conditions météorologiques favorables lorsqu'elles ne le sont pas au Danemark. C'est donc dans ce cadre là que certains de ces appareils auraient été engagés dans des missions de VOLFA. (Un article sera prochainement consacré à ce détachement sur Defens'Aero).
Un petit coucou sympathique de la part des aviateurs, toujours très apprécié par les «spotters» - Photo : © Mathieu Mounicq.
Interrogé par l'Armée de l'Air, le directeur de cet entraînement, le lieutenant-colonel Yann Malard, et également commandant de la 30è Escadre, indique que «l’exercice « VOLFA » est très enrichissant car il permet la rencontre de tous les pilotes et équipages participants. Nous pouvons échanger, briefer et débriefer tous ensemble, savoir quelles sont les contraintes pour chaque appareil, pour chaque mission. Cela permet de progresser et d’être plus opérationnel».
M. Malard ajoute dans son interview que «les forces présentes à cet exercice sont celles qui ont été déployées hier et le seront demain. L’entraînement que nous menons nous est très profitable : les missions évoluent sur une menace de très haute intensité. Il s’agit vraiment de combat. En opérations extérieures, nous pratiquons davantage un combat asymétrique contre les terroristes djihadistes».
Bien qu'ils ne soient pas visibles sur ces photographies, l'exercice a aussi permis l'entraînement des pilotes et des Harfang de l'Escadron de Drones 1/33 «Belfort», basé actuellement sur la base aérienne 709 de Cognac. Aucun des trois MQ-9 Reaper n'ont été utilisés puisque ces appareils ne sont pas encore aptes à évoluer dans l'espace aérien français et européen, et ils sont largement employés dans le Sahel. Enfin, des commandos parachutistes de l'air ont aussi pris part à ce VOLFA de début d'année.
Le Mirage 2000-5F du «Grand patron» du Groupe arbore les trois cigognes des trois SPA - Photo : © Mathieu Mounicq.
Ce Rafale s'apprête à mener une mission air-sol avec sa nacelle de désignation laser Damocles - Photo : © Rami Khanna-Prade.
Mathieu et Rami sont deux photographes qui font parti de l'association ALF Aviation, et c'est avec cette dernière et d'autres camarades «spotters» qu'ils ont pu pénétrer au sein de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le temps d'une journée, alors que l'exercice VOLFA 16-1 battait son plein.
Cette association, qui est historiquement basée à Lyon-Bron, mais avec des membres actifs qui sont présents un peu partout en France, constitue un réseau de vrais passionnés qui se rejoignent via le forum et la galerie photo mais aussi ponctuellement lors de visites parfois exclusives de sites aéronautiques.
ALF Aviation regroupe des passionnés d'aéronautique militaire simples amateurs, photographes, maquettistes, historiens, spécialistes thématiques, mais aussi des professionnels ainsi que plusieurs militaires en activité (nos deux membres d'honneurs sont des officiers supérieurs dans l'Armée de l'Air, tous deux pilotes de chasse).
L'ensemble des photographies des membres de l'association, prises au cours de différents meetings aériens et exercices, sont à voir ici, et le forum pour échanger avec ces photographes est consultable ici-même.
Vous pouvez retrouver la galerie Flickr de Mathieu en cliquant ici, ou celle de Rami en cliquant ici. Elles contiennent toutes les deux de nombreuses photographies aussi originales les unes que les autres, prises aux quatre coins du globe.