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Defens'Aero
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L'Egypte réceptionne officiellement ses trois premiers Rafale

L'Egypte réceptionne officiellement ses trois premiers Rafale

L'Egypte réceptionne officiellement ses trois premiers Rafale

Photo : (c) Dassault Aviation / A. PECCHI - Les trois premiers Rafale égyptiens lors d'un vol en formation.

Comme je l'avais annoncé ici-même sur Defens'Aero le Mercredi 15 Juillet 2015, l'Egypte vient officiellement de réceptionner ses trois premiers Rafale DM (à l'origine, B352/353/354) au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée hier Lundi 20 Juillet 2015 sur la base aérienne 125 d'Istres, et plus précisément au Centre d'Essais en Vol dans le Sud de la France.

Des liens étroits depuis plusieurs dizaines d'années

A cette occasion, Ehab Badawy, l'ambassadeur d'Egypte en France, s'est rendu sur place afin de représenter son pays, aux côtés du Président Directeur Général de Dassault Aviation, Eric Trappier, et avec une absence remarquée de Jean-Yves Le Drian, un des acteurs qui a permis la signature de ce contrat, malheureusement occupé par d'autres dossiers.

Durant la cérémonie, plusieurs hautes personnalités ont réalisé un discours, comme Eric Trappier, qui a tenu à rappeler les liens militaires qui unissent la France et l'Egypte depuis plusieurs années maintenant, en indiquant que "ce contrat constitue un nouveau jalon de la coopération qui lie Dassault Aviation et l’Égypte depuis les années 70, soit plus de quarante ans d’un partenariat exemplaire placé sous le signe de l’engagement et de la confiance mutuelle".

Ce fût aussi l'occasion d'évoquer les précédents contrats puisque "après le Mirage 5, l’Alpha Jet et le Mirage 2000, le Rafale est le 4ème avion Dassault à voler sous les cocardes égyptiennes, et l’Égypte, tout comme elle l’avait été pour le Mirage 2000, est le premier client export du Rafale".

De plus, "ces trois premiers Rafale, dorénavant égyptiens, contribueront à l'instauration de la paix et de la sécurité, ainsi qu'à notre combat commun contre le terrorisme. Aux côtés des Rafales français, ils combattront ce fléau contre l'humanité, objectif commun que la France et l'Egypte se sont fixés», a déclaré Ehab Badawy. L'Egypte doit faire face avec, à l'Ouest de sa frontière, le chaos libyen, et à l'Est, dans le Sinaï, les attaques et les attentats de l'Etat Islamique.

Ces trois premiers Rafale, DM01, DM02, et DM03, sont convoyés vers l'Egypte aujourd'hui Mardi 21 Juillet 2015 par les pilotes égyptiens eux-mêmes.

Des Rafale qui étaient destinés, au départ, à l'Armée de l'Air

Pour rappel, lors de la signature de ce contrat de 5,3 milliards d'euros entre Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, et l'Egypte, le Lundi 16 Février 2015, portant sur la livraison de vingt-quatre Rafale, dont seize Rafale DM et huit Rafale EM à la Force Aérienne Égyptienne, cette dernière avait demandé que ses trois premiers Rafale soient livrés avant le mois d'Août afin qu'elle puisse les faire défiler au-dessus du canal de Suez, le 05 Août, lors de l'inauguration des travaux d'élargissement de ce canal.

Pour que cette demande du client soit possible, il a fallu que l'Armée de l'Air française accepte que trois Rafale biplaces, qui étaient déjà en cours de fabrication sur les chaînes d'assemblage de Dassault Aviation, à Bordeaux-Mérignac, et qui étaient destinés à équiper le nouvel escadron nucléaire, ne lui soient pas livrés lors de leur sortie d'usine, mais qu'ils le soient à la Force Aérienne Égyptienne.

Mont-de-Marsan, Saint-Dizier, et enfin, Istres

Pour que la Force Aérienne Égyptienne puisse faire voler ses propres Rafale avec ses propres pilotes de chasse au-dessus du canal en temps et en heure, celle ci a envoyé, dès la signature du contrat, des pilotes de chasse égyptiens ainsi que des mécaniciens. Si les pilotes de chasse ont été formés, dans un premier temps, sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, dans un deuxième temps, ils l'ont été sur la base aérienne 113, à Saint-Dizier. A contrario, les mécaniciens au sol ont reçu leur formation à Mont-de-Marsan uniquement.

A Mont-de-Marsan, l'ensemble des aviateurs égyptiens était intégré au sein du Centre de Formation Rafale (CFR). Ce dispositif, rattaché aux commandements des forces aériennes et de la force maritime de l’aéronautique navale, a pour mission, selon l'Etat-Major des Armées, de "former l’ensemble du personnel de la défense et des entreprises aéronautiques du système Rafale. L’apprentissage au CFR délivre la qualification licence en maintenance aéronautique (LMAé) et repose sur 3 piliers : un enseignement théorique, une approche technique du Rafale, et une simulation de vol".

Au cours d'une audition devant la commission de la défense nationale et des forces armées, le général Denis Mercier, Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air, avait indiqué que "les questions qu’ils posent [les militaires égyptiens, NDLR] et les résultats qu’ils ont obtenus aux premiers tests sont très encourageants. Nous allons pouvoir les former assez rapidement". Plus tard, les pilotes et les mécaniciens égyptiens "seront accompagnés par deux pilotes et quelques mécaniciens [français, NDLR] que nous enverrons en Égypte dans le cadre de la coopération".

Par ailleurs, durant l'année 2015, la France doit former huit pilotes de chasse ainsi que trente-deux mécaniciens. Les aviateurs sont issus de plusieurs types d'aéronefs différents, et ne sont donc pas tous issus des escadrons composés d'avions de chasse de Dassault Aviation. Si les premiers aviateurs sont considérés comme étant des pilotes confirmés, les prochains qui seront formés en France devraient être de jeunes pilotes.

Des Rafale égyptiens proches des Rafale français

A noter que ces vingt-quatre Rafale se rapprocheront considérablement des Rafale français, puisqu'ils seront équipés avec des missiles air-air MICA, des missiles de croisière air-sol SCALP (appelés Black Shahine pour la version export), des bombes air-sol guidées laser, ainsi que des AASM guidées GPS, développées par Sagem, et dont leur efficacité et leur précision a été démontrée en Libye, au Mali, et encore aujourd'hui en Irak.

Cependant, étant donné que ces Rafale étaient déjà presque terminés lors de la sélection de ces appareils, les ingénieurs et les ouvriers de Dassault Aviation ont dû retirer des programmes sensibles qui correspondaient à la mise en oeuvre du missile nucléaire ASMP-A, et d'autres programmes qui permettaient une coopération avec les autres aéronefs de l'OTAN (systèmes de communication cryptés, Liaison L16, etc...).

Le patch des pilotes de chasse égyptiens qui volent désormais sur Rafale DM.