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L'Armée de l'Air souffre d'une suractivité et d'une surintensité de son matériel et de ses aviateurs

L'Armée de l'Air souffre d'une suractivité et d'une surintensité de son matériel et de ses aviateurs

L'Armée de l'Air souffre d'une suractivité et d'une surintensité de son matériel et de ses aviateurs

Photo : (c) EMA - Un Mirage 2000D rentre d'une mission en Jordanie après une mission au-dessus de l'Irak.

Outre les missions réalisées sur le territoire national, comme le plan Vigipirate ou avec les mesures actives de sûreté aérienne (MASA), l'Armée de l'Air met en oeuvre de nombreux moyens dans ses opérations extérieures, que ce soit en hommes et femmes sur le terrain, ou avec les aéronefs qui y sont déployés.

C'est notamment le cas avec l'opération Barkhane qui vise à lutter contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne, ainsi que l'opération Chammal en Irak, qui a pour but d'aider les forces terrestres irakiennes qui combattent l'Etat Islamique.

Lors d'une audition datée du 15 Avril 2015, et qui s'est déroulée devant les députés français de la commission de la défense nationale et des forces armées, le général Denis Mercier, Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air, a déclaré que "dans ces missions, l’Armée de l’Air met en oeuvre la totalité de ses capacités : frappes aériennes, forces spéciales, ravitaillement en vol, transport tactique et stratégique, renseignement, hélicoptères, commandement et conduite des opérations".

Pour le général, la capacité de déployer autant d'unités sur divers théâtres d'opérations est "une source de satisfaction" et cela montre également que "l’Armée de l’Air inscrit son action dans un continuum entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure".

Cependant, et c'est le revers de la médaille, ces engagements à l'extérieur de la France deviennent "un défi permanent" pour les aviateurs et aviatrices, et l'Armée de l'Air "dépasse aujourd'hui le cadre des contrats opérationnels fixés par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013. Pour le neuvième mois consécutif, nous serons au delà des volumes prévus dans la situation opérationnelle de référence du Livre blanc".

De fait, le général Denis Mercier arrive à la conclusion évidente et sans appel qu'il y a une "surconsommation du potentiel technique et humain".

Dans un premier temps, le CEMAA s'explique d'abord au sujet de la surconsommation au niveau technique, en détaillant les côtés négatifs, avec un surcoût des heures de vol, un entraînement en métropole qui est moins important, et une usure prématurée du matériel.

En effet, une suractivité, qui "représente l’activité réalisée au-delà de celle qui a été programmée et budgétée", va amener "l’activité de la flotte de chasse en OPEX, selon nos prévisions, de 6 500 heures de vol en 2014 à près de 12 000 heures en 2015, soit un doublement". Le général précise "qu'une grande partie de cette activité est régénérable, mais à condition d’être prise en charge financièrement". C'est pourquoi, celui-ci demande "que sur ces 12 000 heures, 4 000 soient couvertes par le décret d’avance relatif aux OPEX", étant donné que le reste "est déjà couvert par les heures de vols qui avaient été budgétées pour l’activité normale de nos pilotes".

Concernant les entraînements, les paroles du Chef d'Etat-Major sont assez claires et il n'y a pas besoin de rajouter des explications pour comprendre ce qui se passe : "sur certaines flottes anciennes – je pense notamment aux C160 et aux ravitailleurs C135 –, nous ne pouvons pas générer une activité suffisante pour honorer tous nos contrats opérationnels. Nous transférons donc pratiquement toute l’activité sur les OPEX, ce qui pose un problème de « vases communicants » : c’est l’entraînement quotidien, notamment celui de nos jeunes équipages en métropole, qui en fait les frais". Tout cela fait que "les jeunes pilotes de transport ne volent plus que 150 heures par an au lieu de 400, ceux des ravitailleurs C135 seulement 120". (Un problème qui ne concerne pas les pilotes de transport intégrés au sein du Commandement des Opérations Spéciales : lire l'article à ce sujet).

Pour terminer sur ce point de vue technique, outre une suractivité, il y a également, avec la multiplication des opérations extérieures, une surintensité. De fait, les aéronefs sont victimes "d'une usure prématurée des matériels, à une surconsommation de munition, etc. Par exemple, les hélicoptères et les moteurs des C130 utilisés dans la bande saharo-sahélienne vieillissent prématurément à cause du sable".

Par la suite, dans un deuxième temps, le général Denis Mercier précise que du point de vue humain, "le tempo opérationnel soutenu a un impact fort sur notre personnel. Ainsi, 30 % du personnel sur Mirage 2000D est projeté en opérations en permanence. Pour une grande partie de nos spécialités, la norme est devenue deux à trois détachements par an, soit plus de six mois sur douze en OPEX, ce qui n’est pas sans poser des problèmes".

En effet, à titre d'exemple, une partie des aviateurs du Groupement Aérien d’Appui aux Opérations, qui a construit, en un mois, dans le cadre de Chammal, six abris pour les 2000D, un hangar de maintenance, ainsi qu'un dépôt de munitions, est arrivée directement depuis Bamako, au Mali, sans rentrer dans leurs foyers en France. De même, certains aviateurs, lorsqu'ils rentrent en France, sont obligés de rejoindre "les bases aériennes pour assurer la défense du territoire national, au titre de la PPS ou de la dissuasion nucléaire".