Photo : (c) EMA - Top départ et catapultage du Rafale M n°19 pour une mission au-dessus de l'Irak.
Depuis le 15 Février, le porte-avions français Charles de Gaulle, ainsi que tous les bâtiments de la Marine Nationale qui l'encadrent, a franchi le détroit d'Ormuz, "au terme de sa patrouille dans la zone d’intérêt que constitue le Golfe d’Aden et le Nord de l’Océan Indien", selon l'Etat Major des Armées.
Désormais, et après avoir effectué une escale à Manam, à Bahreïn, afin de "finaliser les derniers détails pratiques de l'intégration de la Task Force 473 à la Task Force 50", qui est constituée du groupe aéronaval américain, lui-même articulé autour du porte-avions américains USS Carl Vinson, le groupe aéronaval français vient officiellement d'intégrer l'opération Chammal.
Afin de marquer l'intégration de ce nouveau dispositif militaire français dans la coalition internationale, le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a tenu à prononcer un discours sur le porte-avions, alors même que les pilotes de chasse et les armuriers étaient à pied d'oeuvre afin de préparer les Rafale et les Super-Etendard Modernisés pour ces premières missions.
Lors de sa déclaration, Jean-Yves Le Drian a indiqué que "l’engagement du Charles de Gaulle et de son escorte dans l’opération Chammal marque une nouvelle étape de cet engagement. Déployer le groupe aéronaval français n’est jamais anodin. C’est ici un signal politique fort, qui vient conforter la détermination de la France à arrêter cette barbarie que commet Daech".
Lors de cette première journée, quatre Rafale M ainsi que quatre Super-Etendard Modernisés, et équipés de bombes air-sol GBU-12, ont été catapultés afin de soutenir les forces irakiennes et kurdes qui se battent contre l'Etat Islamique. Les missions des aéronefs français seront similaires à celles déjà effectuées par les Mirage 2000D (depuis la Jordanie) et les Rafale (depuis les Emirats Arabes Unis) de l'Armée de l'Air.
Ces missions consistent à effectuer de la collecte de renseignements, avec, par exemple, la nacelle RECO-NG, des frappes d'opportunité afin de débloquer une situation sur le champ de bataille, ainsi que des frappes en profondeur. Ces dernières missions sont planifiées à l'avance et effectuées par les Rafale avec les bombes air-sol AASM.
Si l'Armée de l'Air déploie un ravitailleur C-135FR, six Mirage 2000D, ainsi que six Rafale, au lieu des neuf habituels, étant donné que les trois derniers ont été envoyés en Inde, dans le cadre du salon aéronautique AeroIndia, la Marine Nationale vient d'augmenter les effectifs de l'opération Chammal.
En effet, autour du porte-avions, on trouve le Groupe Aéronaval (GAN), constitué d'un état-major embarqué, le Groupe Aérien Embarqué (GAE) comprenant douze rafale M, neuf Super-Etendard Modernisés, un E-2 Hawkeye (au lieu de deux), ainsi que quatre hélicoptères. Il y a également la frégate de défense aérienne Chevalier Paul et son hélicoptère Caïman Marine, le pétrolier-ravitailleurs Meuse, et enfin, un sous-marin nucléaire d’attaque. La frégate anti-sous-marine sera fournie par la Royal Navy, avec le HMS Kent, qui a rejoint le GAN en mer Rouge.
A noter que la Marine Nationale était déjà engagée dans l'opération Chammal, dès le départ, avec l'utilisation d'un avion de patrouille maritime Atlantique II, ainsi que des commandos au sol. Aujourd'hui, selon l'Etat Major des Armées, cette opération est composée de 3 200 militaires français.
Outre le volet aérien et maritime, le volet terrestre de cette opération est formé par des unités non-conventionnelles du Commandement des Opérations Spéciales, ainsi que, et c'est ici un tournant dans cette opération, par des militaires de l'Armée de Terres, issus d'unités conventionnelles. Ils formeront des Détachements d’Instruction Opérationnelle (DIO). A ce sujet, il faut lire l'enrichissante analyse de mon confrère du blog Mars Attaque.
Le plus :
Vidéo : Le Charles de Gaulle entre en guerre contre l'Etat Islamique