Depuis le 15 Septembre, la France est engagée contre l'Etat Islamique en Irak au sein de l'opération Chammal, où elle réalise des missions de reconnaissance avec la nacelle RECO-NG, des missions de reconnaissance armée, ainsi que des frappes aériennes contre des positions jihadistes. Cependant, contrairement à ses alliés comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, qui ont réalisé, respectivement, plus de 200 frappes pour le premier, et sept pour le second, la France, elle, en a réalisé quatre uniquement (19 Septembre, 26 Septembre, deux fois le 21 Octobre).
A l'occasion de son audition à la Commission de la défense nationale et des forces armées, le Mardi 14 Octobre dernier, et en réponse à la question du député M. Gwendal Rouillard, "pouvez-vous porter une appréciation sur la nature de nos interventions [En Irak, NDLR] ?", le CEMAA a tenu à clarifier et à mettre un terme à un débat qui commençait à croître :
<< En Irak, monsieur Rouillard, nous menons deux types de missions au sein de la coalition guidée par les Américains.
D'une part, nous poursuivons des missions de reconnaissance, (intelligence, surveillance, reconnaissance ou ISR), car les Américains ont d’emblée accepté que nous ayons notre propre appréciation de la situation pour ensuite la partager avec eux.
D'autre part, nous effectuons des missions d’appui-feu rapproché – Close Air Support – mais avec la contrainte d’éviter tout dommage collatéral lorsque des troupes de Daech sont détectées. L’information est plus souvent fournie par des Irakiens, qui préviennent ensuite des centres d’opération, lesquels entrent en contact avec le centre de commandement des opérations aériennes basé à Al Udeid au Qatar. Là, des officiers français ayant accès à tous les drones américains s’assurent que les mouvements détectés sont bien hostiles et qu’ils se situent dans un rayon où les dommages collatéraux peuvent être évités.
Ces derniers temps, nos appareils ont été engagés, mais n’ont pas tiré car les mouvements avaient lieu dans des zones périurbaines où les risques de dommages collatéraux étaient importants.
Il faut souligner ici que c’est parce que nous exerçons ces missions que les forces de Daech sont privées d’initiative : elles n’ont plus la possibilité de sortir de ces zones où elles se retrouvent coincées. Certes, il y a toujours une satisfaction à tirer sur des pick-up ou des chars, mais notre mission la plus importante est d’assurer jour et nuit cette permanence afin d’empêcher ces forces de se déplacer et de permettre aux Irakiens la liberté d’action sur leur territoire.
C’est un effet militaire qui se mesure peut-être moins facilement que d’autres, mais il est réel et nécessite de déployer le nombre d’avions que la coalition a mobilisé >>.
Par ailleurs, le CEMAA avait aussi indiqué, au début de son audition, qu' <<on me demande souvent pourquoi nos avions ne frappent pas plus en Irak. Nous sommes là-bas pour pouvoir assurer, au sein d’une coalition, la liberté de mouvement, sur leurs espaces terrestres, des forces irakiennes qui se reconstruisent et essaient de s’entraîner pour repartir à l’attaque et garantir la souveraineté de l’État. Le fait d’avoir en permanence, sur un grand pays comme l’Irak, un ou plusieurs appareils capables de détecter et de frapper des troupes de Daech a un effet militaire plus important que l’attaque d’un pick-up. Il est nécessaire pour cela de multiplier le nombre d’appareils et d’assurer une présence jour et nuit >>.
Photo : (c) EMA - Un Rafale C au-dessus de l'Irak.